Licenciement de deux journalistes chez Protestinfo : tensions éditoriales avec les Églises réformées romandes

Contexte et décision des Églises réformées romandes

Le 10 octobre, les dirigeants des Églises réformées romandes ont décidé de licencier deux journalistes de Protestinfo, l’agence de presse qu’elles financent. Cette information a été relayée ce mercredi par le quotidien 24 Heures.

Protestinfo appartient à Médias-pro, l’Office des médias des Églises réformées romandes. L’agence couvre l’actualité du milieu protestant, ses institutions et ses principaux acteurs, et fournit régulièrement des articles à plusieurs titres romands, tels que Le Temps, 24 Heures, La Tribune de Genève, le Courrier et La Liberté.

La mesure aura également des répercussions sur RTSreligion, car les journalistes de son contingent protestant dépendent des mêmes instances ecclésiales.

Désaccord éditorial ou rupture de confiance

Deux lectures s’opposent sur les motifs. Yves Bourquin, vice-président des Églises réformées romandes — l’employeur — évoque une rupture de confiance. En filigrane, ce seraient les méthodes de travail des journalistes, leur regard critique et des enquêtes jugées orientées qui auraient dérangé plusieurs responsables d’église.

La rédactrice en chef de Protestinfo, Anne-Sylvie Sprenger, parle d’un désaccord éditorial sans pouvoir entrer dans les détails en raison d’une procédure en cours.

Selon Lucas Vuilleumier, l’un des deux journalistes concernés, « nous étions en train de mener une enquête un peu compliquée ». Il précise que l’enquête portait sur un théologien auteur présumé d’abus sexuels et sur ses liens persistants avec les Églises réformées romandes, comme Le Temps l’avait révélé. « Cette enquête n’a pas pu voir le jour », ajoute-t-il.

Liberté éditoriale sous tension et perspectives

Le travail journalistique implique d’aborder des sujets sensibles, mais la situation met en lumière la question de la liberté éditoriale lorsque les institutions qui financent une agence couvrent le terrain.

Les tensions entre les autorités protestantes et les journalistes ne sont pas nouvelles: depuis plusieurs années, des responsables d’églises romandes ont exprimé des réserves concernant le travail de Protestinfo.

Cependant, ces départs n’annoncent pas nécessairement la disparition de Protestinfo. L’agence pourrait poursuivre ses activités sous une forme révisée. Yves Bourquin évoque un recalibrage confié à Paolo Mariani, directeur de Médias-pro, et rappelle qu’un rapport présenté il y a moins d’un mois visait à trouver un terrain d’entente entre les Églises et l’indépendance journalistique de l’agence.

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