Corentin Sellin affirme que Donald Trump a largement neutralisé le contre-pouvoir institutionnel
Des travaux majeurs en cours au complexe de la Maison Blanche alimentent les analyses sur l’évolution du pouvoir présidentiel. Dans l’émission Tout un monde, diffusée lundi sur RTS, Corentin Sellin rappelle que ces modifications pourraient raconter quelque chose de plus complexe que ce que l’on croit et s’apparentent à l’évolution du cadre autour du pouvoir.
Contexte et analyse des travaux à la Maison Blanche
La transformation de l’aile du complexe est vue comme une métaphore de Trump tirant parti de pouvoirs étendus, déduit l’historien spécialiste des États-Unis dont les chroniques sont publiées sur lesjours.fr.
Techniquement, le président peut faire ce qu’il veut à la Maison Blanche. Ce que faisaient autrefois les prédécesseurs par souci d’apparence, soumis à une commission architecturale; Trump ne s’encombre pas de ces formalités et agit selon ses envies.
Pour l’historien, ce geste architectural devient politique: la loi a conféré au président un pouvoir quasi impérial sur la Maison Blanche, et Donald Trump en assume pleinement la dimension.
Affaiblissement des garde-fous et transformation du pouvoir
En neuf mois, l’administration Trump a engagé une transformation profonde: fermetures d’agences fédérales, réduction de programmes universitaires et bouleversement des relations internationales. Cette accélération serait rendue possible par un affaiblissement des mécanismes de régulation du pouvoir présidentiel, selon Corentin Sellin.
Selon lui, l’équilibre entre pouvoir et contre-pouvoir a été largement rompu et Trump peut poursuivre à ce rythme, car de nombreux contre-pouvoirs, notamment ceux prévus par la Constitution et ses évolutions, ont été neutralisés.
Médias et justice: un paysage en mutation
La justice, longtemps perçue comme un contrepoids, semble elle aussi s’effacer, explique l’historien. Des juges fédéraux de première instance indiquent parfois ce que l’administration ne peut pas faire, mais les cours d’appel et surtout la Cour suprême tendent à donner raison à l’administration Trump, en grande partie parce que nombre de juges ont été nommés par lui.
L’instance judiciaire de régulation de la démocratie américaine paraît faire preuve de déférence envers le pouvoir présidentiel et permet à Trump de poursuivre son expérimentation de réduction de l’État fédéral, résume Sellin.
La presse américaine, longtemps centrale comme contre-pouvoir, semble aussi fragilisée par des rachats opérés par des proches du président. Certaines lignes éditoriales prennent acte du poids électoral de Donald Trump et modèrent leur critique.
Propos recueillis par: Eric Guevara-Frey. Adaptation web: Miroslav Mares.
