Bruno Le Maire appelle au dialogue démocratique et met en garde contre une gouvernance fondée sur la pression
Parcours politique et contexte
Bruno Le Maire, aujourd’hui invité dans plusieurs établissements universitaires, a démarré sa carrière politique en tant que directeur de cabinet du Premier ministre Dominique de Villepin en 2006. Il a ensuite occupé le poste de ministre de l’Agriculture sous Nicolas Sarkozy (2009-2012) puis celui de ministre de l’Économie sous Emmanuel Macron (2017-2024).
Ancien membre de l’UMP puis des Républicains (LR), il s’éloigne aujourd’hui de son ancien parti après son soutien initial à Emmanuel Macron. Son retour éphémère dans un exécutif partiellement composé de LR a provoqué une crise au sein de la coalition proposée par Sébastien Lecornu et a conduit à la démission du Premier ministre.
Voir aussi : Darmanin, Retailleau et Le Maire nommés dans le gouvernement de Sébastien Lecornu.
Une orientation économique de droite
Dans un entretien accordé à La Matinale mardi, Le Maire explique ne pas avoir envisagé son retour, mais affirme que le président de la République estimait nécessaire sa présence dans le gouvernement en tant que ministre des Armées, et qu’il a accepté par devoir et pour accomplir une mission.
Selon lui, la réaction de certains acteurs politiques a été inattendue et a provoqué ce qu’il décrit comme un tsunami de réactions disproportionnées. Il précise avoir retiré sa candidature peu après.
Il estime que la réaction de la droite est difficile à comprendre, car la ligne économique qu’il a portée durant sept ans n’est pas fondamentalement incompatible avec les idées défendues par son ancienne formation politique.
« Je pense que ce n’est pas dans l’intérêt du pays », ajoute-t-il, dénonçant des « calculs politiques de bas étage et de court terme » et appelant la vie politique française à retrouver son calme, sa sérénité et son sérieux.
Dialoguer plutôt que d’imposer
Il appelle à « retrouver la voie du dialogue, et pas de la menace » au sein d’une démocratie qu’il décrit comme une « monarchie technocratique ». Il rappelle avoir lui-même été membre du gouvernement d’Élisabeth Borne, critiqué pour son usage répété de l’article 49.3 de la Constitution, notamment lors de la réforme des retraites en 2023.
« Ce n’est pas sain pour notre démocratie de fonctionner à coup de pistolet sur la tempe », reconnaît-il. Il indique avoir appris en Suisse que le dialogue et la consultation régulière du peuple permettent d’apaiser les tensions, et appelle à davantage de référendums au niveau national et local. « La démocratie, c’est donner le dernier mot au peuple, pas aux technocrates ou au gouvernement. On ne peut pas avoir peur du peuple », ajoute-t-il.
Il juge indignes les critiques et appels à démission visant directement Emmanuel Macron, estimant qu’il serait trompeux de croire que tous les problèmes de la société française se résument à la personne du président et qu’il suffirait de s’en débarrasser pour que les choses s’améliorent. La France, poursuit-il, a d’autres défis à relever et mérite une approche fondée sur les faits plutôt que sur des attaques personnelles.
Propos recueillis par Delphine Gendre/jop.
