Pommes de terre suisses destinées au fourrage : pourquoi certaines finissent colorées dans l’auge des vaches
Contexte de la récolte 2025 et ses répercussions
Dans la grange de l’agriculteur Andreas Schwab à Walperswil (BE), trois grandes remorques sont garées, remplies à ras bord de pommes de terre. L’année a été excellente, les températures douces et les pluies tombées au bon moment ont offert des conditions idéales pour les tubercules.
Un surplus important et ses destinations
Cette année, la récolte s’élève à environ 240 tonnes. Le seul contrat de reprise prévu avec la coopérative Inoverde couvre 200 tonnes, ce qui laisse environ 40 tonnes excédentaires destinées au fourrage, principalement pour les vaches de Schwab et d’un collègue dans le Jura.
Rémunération pour le fourrage et perspective économique
Si les pommes de terre sont utilisées comme nourriture animale, le producteur perçoit une indemnité d’environ 20 francs par 100 kg, soit moins de la moitié de ce qu’il toucherait sur le marché.
Contrôle qualité et indemnisation
Avant toute indemnisation, les tubercules font l’objet d’un contrôle rigoureux, comme s’ils étaient destinés à la vente. Hans Aeschbacher, mandaté par Qualiservice, vérifie la part comestible des pommes de terre. Il prélève un échantillon de 10 kg sur une remorque, les épluche et évalue la proportion consommable. Pour Schwab, la part comestible atteint 99 %, ce qui influence positivement sa rémunération.
Un fonds de solidarité, garant unique
Le fonds de solidarité, géré par l’Association des producteurs suisses de pommes de terre et Swisspatat, repose sur des contributions de l’ensemble de la chaîne — producteurs, transformateurs et distributeurs. Pour 2025, les producteurs versent 25 centimes par 100 kg, tandis que les entreprises versent 5 centimes. La participation est volontaire, mais presque universelle selon Niklaus Ramseyer, président de l’association.
Colorant pour prévenir les fraudes
Avant le versement des indemnités, les pommes destinées au fourrage doivent être colorées pour éviter les abus. L’opération consiste à pulvériser un colorant alimentaire orange sur les tubercules destinés à l’alimentation animale. Schwab réalise cette étape en montant sur une échelle, puis en arrosant les pommes concernées. Il précise que cette mesure, bien que contraignante, est jugée nécessaire au regard des contrôles et du cadre du fonds.
